Flandre, la longue marche vers l’émancipation
La Flandre, peuplée de plus de sept millions d’habitants, peut être considérée comme les Pays-Bas du sud. Il s’agit de la porte d’entrée du monde germanique sur la mer du Nord. Depuis le début du XIV e siècle, les Flamands préservent leur identité face à une tentative d’assimilation linguistique forcée.
Ce qu’on appelle aujourd’hui la Flandre n’a jamais été uni dans un seul État. Au Moyen Âge, le territoire est divisé entre de nombreux États féodaux, les plus importants étant le comté de Flandre, le duché de Brabant et le comté de Loon. Le comté de Flandre appartenait à la Couronne française, tandis que les autres territoires faisaient partiedu Saint Empire romain germanique, sauf le comté de Loon, qui faisait par-tie intégrante de la Principauté-évêché de Liège. Plus tard, le comté de Flandre et le duché de Brabant feront partie des dix-sept provinces, correspondant approximativement au Bénélux actuel. Ce dernier dépendait de Charles Quint. En 1581, après la Réforme, les dix-sept provinces déclarent leur indépendance, sauf les Pays-Bas méridionaux (Belgique actuelle) qui reste sous occupation espagnole et catholique. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les conflits qui opposent Français, Autrichiens et Espagnols en Flandre amènent la création, lors du Congrès de Vienne, d’un nouveau royaume réunissant les Pays Bas et la Belgique actuels. Mais lors de la révolution belge, la Belgique fait sécession et le français devient la seule langue officielle, obligeant les Flamands à résister.
Malgré des avancées significatives, après la seconde guerre mondiale, on stigmatise les Flamands. Ce n’est qu’en 1971, avec la création d’un Conseil pour la Communauté culturelle néerlandaise, qu’une certaine autonomie est leurs accordée, renforcée par la création d’un Parlement en 1980. Aujourd’hui, suite aux crises politiques en Belgique, la question de l’indépendance de la Flandre se pose de nouveau.
Carte d’identité
Nom | Vlaanderen | flamand/néerlandais Flandre | français |
Population | 7 000 000 hab. |
Superficie | 16 000 km² |
Langues | Vlaams/Nederlands | flamand/néerlandais (officielle) Français |
Nombre de locuteurs | 6 000 000 | flamand/néerlandais |
État de tutelle | Belgique, France |
Statut officiel | Région et communauté en Belgique |
Capitale | Brussel | flamand/néerlandais (Bruxelles) |
Religion historique | Chrétiens catholiques |
Drapeau | De Vlaamse Leeuw | flamand/néerlandais (Le Lion flamand) |
Hymne | De Vlaamse Leeuw | flamand/néerlandais (Le Lion flamand) |
Devise | Pas de devise |
Chronologie
- 58-51 av. JC • Jules César conquiert la Gaule et jette les bases de la frontière linguistique roman-germanique.
- 1302 • Bataille des Éperons d’or. Une armée de citoyens flamands défait l’armée du roi de France Philippe IV (le Bel).
- 1568-1648 • Révolte des dix-sept provinces des Pays-Bas contre le Royaume espagnol.
- 1815 • Congrès de Vienne. Création du Royaume-Uni des Pays-Bas.
- 1830 • Révolution belge, séparation de la Belgique à partir de la partie septentrionale des Pays-Bas.
- 1914-18 • Mouvement flamand pour la paix suite aux atrocités de la guerre.
- 1971 • Création du Conseil de la Communauté culturelle néerlandaise en Belgique. En 1980, le Conseil est transformé en un Parlement flamand.
- 2007 • Crise politique en Belgique. Les Flamands souhaitent plus d’autonomie. Les Wallons souhaitent le statu quo.
- 2010 • Victoire historique de l’indépendantisme flamand. Le NV-A remporte prêt de 29 % des voix en Flandre .
Zoom historique
Le 11 juillet 1302, la Bataille des Éperons d’or a lieu à Groeninghe près de Courtrai. La population citadine (« communiers ») sommairement armée bat les Français. Après la bataille, les éperons d’ordes chevaliers français sont collectés et accrochés dans la tour de l’Église de Notre-Dame à Courtrai, d’où son nom. La raison directe de ce conflit fut l’emprisonnent du compte Guy I er de Flandre par le roi de France Philippe IV le Bel, sur des accusations de traîtrise. Le roi confisqua le comté et y nomma des fonctionnaires français entraînant de nouveaux conflits à Bruges. Puis le roi forma une armée de chevaliers qui fut défaite. Au XIX e siècle, Hendrik Consience écrivit Le Lion de Flandre, basé sur cette bataille, y développant ainsi un fort sentiment identitaire. Aujourd’hui, le 11 juillet est le jour de la fête nationale en Flandre.
Géographie
La Flandre se situe au centre de l’Europe, au bord de la mer du Nord. Elle est à un carrefour entre la France à l’ouest, la Wallonie au sud, les Pays Bas au nord et l’Allemagne à l’est (à quelques kilomètres d’une étroite bande appartenant aux Pays Bas). Elle est également appelée « Pays plat », malgré les quelques collines qui se trouvent au sud. Avec les Pays Bas et le Bengladesh, la Flandre est une des zones les plus densément peuplées au monde. Le centre économique de la Flandre se trouvait à l’ouest, surtout à Bruges et Gand, qui furent l’égal de Londres ou Paris en tant que places économiques européennes. Plus tard, quand leur pouvoir s’est amoindri, le centre de gravité s’est déplacé vers l’est, en particulier à Anvers et à Bruxelles. Anvers s’est développée grâce à la révolution industrielle, qui a aussi vu la construction de la première voie ferrée entre Bruxelles et Malines. À la fin du XXe siècle, la Flandre s’est lancée avec succès dans les nouvelles technologies et les services, assurant aujourd’hui sa prospérité économique.
Zoom politique
Aujourd’hui, le gouvernement flamand a les compétences pour gérer la culture, l’éducation, l’environnement, l’agriculture, les communications et en grande partie la santé et l’économie. Dans d’autres domaines, comme la défense ou la justice, il n’a que peu ou pas de pouvoirs et doit coopérer avec le gouvernement fédéral belge. Un grand nombre de partis se concurrencent en Flandre. Le parlement est dominé, depuis les élections législatives de 2010, par les indépendantistes modérés du N-VA. Ces derniers souhaitent que l’essentiel des pouvoirs soit confié aux régions, étape préalable à l’indépendance. Le sulfureux parti d’extrême droite Vlaams Belang oblige les autres partis à mettre en place un « cordon sanitaire » et à créer des coalitions, parfois contre nature, mais nécessaires, rassemblant les conservateurs et les progressistes.
Principaux partis indépendantistes flamands
- Nieuw-Vlaamse alliantie / Nouvelle alliance flamande (N-VA) (indépendantiste social démocrate)
- Vlaams Belang / Intérêt flamand (VB) (indépendantiste d’extrême droite)